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Un service important, service mixte, avait échappé à cette désorganisation systématique : celui des postes, que M. Rampont avait continué à diriger jusqu’à l’élection de la Commune.

Lorsque, par cette élection, Versailles apprit que Paris avait achevé l’œuvre du 18 mars, le gouvernement résolut de porter le dernier coup au commerce et à l’industrie de cette ville, en même temps qu’il l’isolerait politiquement du reste de la France.M. Rampont, ainsi que tous les employés de la poste, reçurent l’ordre formel de cesser immédiatement le service.

La distribution intérieure fut, elle aussi, désorganisée, ce qui, durant deux jours, interrompit toute communication postale entre les habitants.

Il en fut de même des services télégraphiques, et, sans les besoins de l’armée prussienne, qui occupait les lignes du Nord, de l’Est et de Lyon, nul doute que les chemins de fer n’eussent été eux-mêmes coupés encore une fois.

Ceci était un véritable crime, imité des Prussiens sans doute, mais avec cette circonstance abominable qu’il était commis par un gouvernement tiré des entrailles mêmes de la nation, ainsi frappée dans ce que ses intérêts ont de plus cher et de plus sacré[1].

Justement effrayés de cette mesure, criminelle par ses conséquences morales et économiques, des délégués du commerce parisien vinrent trouver la Commission exécutive de la Commune, afin de s’entendre sur les moyens de faire revenir Versailles de la décision qu’il venait de prendre.

Deux membres de la Commission, les citoyens Vaillant et Lefrançais, assistés du citoyen Theisz, furent chargés de recevoir ces délégués.

  1. Le gouvernement prétendait se justifier de cet attentat de lèse-nation sur ce que la Commune avait délégué le citoyen Theisz à la Poste, pour surveiller les recettes et empêcher que celles-ci n’allassent, comme celles de l’octroi, remplir les caisses du gouvernement de Versailles.