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contre Paris un genre de lutte dont le caractère était plus odieux encore que la guerre à main année qui, elle, au moins, ne frappe que des adversaires avérés.

Non seulement il avait, en fuyant, enlevé les caisses de l’État, — ce qui était, en somme, son droit, — mais il avait aussi enlevé tout ce qu’il avait pu des caisses municipales, ce qui était un véritable vol.

Poursuivant son œuvre de brigandage, ce gouvernement exigeait des employés préposés aux diverses recettes de la ville, et sous peine de destitution, la remise des sommes journellement encaissées par eux, enlevant ainsi à Paris les ressources sans lesquelles il ne peut vivre, étant donné l’ordre économique actuel.

Lorsque le Comité central, à l’aide d’une force respectable, eut mis fin à cet étal de choses et sauvegardé tes revenus de la ville, le gouvernement imagina alors d’intimer l’ordre à tous les employés des services municipaux de le rejoindre à Versailles, sous peine de destitution et de déchéance de tous droits à la retraite, leur garantissant, en retour de leur obéissance, le paiement intégral de leurs appointements jusqu’au rétablissement de « l’ordre dans Paris. » Combinaison aussi ingénieuse que malfaisante et qui allait faire payer par le budget national les appointements des employés de la ville de Paris, devenus ainsi rentiers de l’État de par la volonté de M. Thiers !

C’était enfin, et dans toutes les règles, une excommunication majeure en politique, dont amis et ennemis des deux parts allaient devenir les communes victimes. L’assemblée de Versailles et M. Thiers remettaient en vigueur dans ces circonstances, contre les Parisiens, l’effroyable doctrine pratiquée contre les Albigeois : « Tuez, tuez-les tous, et sans distinction ; Dieu reconnaîtra bien les siens ! » — Nous pouvons affirmer que cette monstrueuse théorie, appliquée contre les Parisiens en matière d’administration d’abord, l’a été d’une façon sanglante, dans les exécutions sommaires qui suivirent la chute de la Commune !