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cer ouvertement la lutte, ils avaient, en apparence du moins, suspendu leurs attaques directes.

La presse elle-même avait pris des allures expectantes. Le journal le Temps, tout dévoué à la politique de M. Thiers, et qui avait le plus poussé les électeurs à s’éloigner du scrutin, venait à résipiscence. L’Avenir national, la Vérité, s’étaient presque convertis, sinon à la Commune, du moins aux principes qui lui avaient donné naissance. Enfin le Siècle, par la plume de MM. Chaudey et Cernuschi, célébrait presque avec enthousiasme le prochain avenir de la France, régénérée par le principe communaliste, dont le mouvement du 18 mars, répercuté aussitôt à Lyon, Marseille, Toulouse, Grenoble, Limoges, Vierzon et St-Etienne, semblait devoir amener dans le pays tout entier la prompte et définitive réalisation.

Que la Commune de Paris durât un mois dans cette situation ; qu’elle eût le temps de réorganiser sa nouvelle administration : qu’elle eût le temps de prouver à la nation qu’elle n’avait en vue que de servir de boulevard à la République, menacée par les menées ouvertement monarchiques de l’assemblée nationale et du pouvoir exécutif ; qu’enfin, le travail et les transactions commerciales reprenant leur cours, Paris prouvât à la province qu’il entendait resserrer les liens qui le rattachent à elle, l’exemple de sa transformation politique et économique devenant contagieux, non seulement la Commune était inébranlable, mais grâce à elle, la France se transformait en une fédération de communes libres ; la République une et indivisible devenait cette fois une vérité. La Révolution sociale s’accomplissait sans obstacle.

Monarchistes et conservateurs de toutes nuances ne le comprirent que trop à Versailles, lis précipitèrent l’attaque.

Dès le 19 mars, le gouvernement avait commencé