Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 199 —

Ce projet, nous devons le reconnaître, n’obtint généralement pas l’approbation des membres de la Commune. Un grand nombre de ceux dans l’oreille desquels résonnaient trop les échos des proclamations de notre première Révolution, la trouvèrent trop pâle, ne comprenant sans doute pas qu’il s’agissait moins d’enthousiasmer les citoyens que de leur faire connaître nettement qu’ils allaient être appelés à se gouverner eux-mêmes.

À une majorité considérable, le projet fut rejeté et une autre commission fut nommée pour en présenter un nouveau dans le plus bref délai[1].

Le délai qu’exigea ce travail de nouvelle rédaction, ne permit pas à la Commune de faire paraître sa proclamation avant celle du Comité central qui, dans celle occasion, commit à la fois une inconvenance et une maladresse, en faisant placarder sa proclamation, sans la communiquer même à la Commune.

Bien que le ton en fût excellent, cette manifestation, à cause de son affectation de formes officielles et absolument gouvernementales, souleva dans l’opinion une tempête de récriminations qui rejaillirent jusque sur la Commune même. — On accusa le Comité central et non sans quelqu’apparence de raison, de vouloir conserver un pouvoir dont la Commune ne serait plus que l’apparente et responsable expression.

C’était là un fait grave assurément et de nature à inquiéter les électeurs qui, en nommant la Commune,

  1. MM. Lanjalley et Corriez désignent les citoyens Eudes, Assi et Bergeret comme avant été chargés de sa rédaction. — Bien que nous n’ayons pu retrouver les noms de cette seconde commission, nous affirmons que c’est là une erreur. — Les citoyens Eudes et Bergeret, très occupés à la Commission militaire, parurent fort peu aux premières séances de la Commune ; quant au citoyen Assi, le peu d’influence dont il jouissait à la Commune et son arrestation qui eut lieu 2 ou 3 jours après, ne laissent point supposer qu’on l’eut chargé de ce travail, auquel on attachait une grande importance. Si nos souvenirs sont fidèles, nous croyons que les citoyens Grousset et Cournet figurèrent entr’autres dans cette commission.