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À notre avis, les auteurs de ce projet avaient bien compris le rôle de la Commune, qu’ils réduisaient ainsi à un simple organe d’exécution et à celui de gardien des intérêts de tous, qu’elle avait mission de sauvegarder.

Fidèles interprètes du mouvement du 18 mars, ils faisaient de la Commune le serviteur réel de la totalité des citoyens, dont la souveraineté, désormais inaliénée, redevenait ainsi effective et constante.

La Fédération des bataillons de la garde nationale et le Comité central conservaient leur existence au même titre que toute autre association politique et constituaient une force imposante au service de la Commune contre toute agression du dehors en même temps qu’elle pouvait être opposée au dedans à toute tentative de violation des droits des citoyens — C’était en un mot le Droit armé.

Et pour que la force publique ne pût devenir un instrument au service des ambitieux de pouvoir, l’organisation civique, par quartiers, était indiquée précisément en vue de faire prédominer l’influence du citoyen, du travailleur, disposant de son organisation locale et discutant de ses droits et de ses intérêts, sur le même travailleur devenu, suivant le besoin, soldat de la Commune, véritable soldat de l’ordre cette fois, pour la défense de la liberté et de la sécurité publique.

Enfin la dernière partie de ce projet, la plus essentielle à notre avis, celle se rapportant à la création d’une vaste enquête sur le travail, faite par tous les citoyens, indiquait que la Commune n’entendait pas que la transformation sociale, dont le 18 mars avait été la mise en marche, fût, une œuvre personnelle ni même une œuvre de parti, mais qu’au contraire, cette transformation, entreprise essentiellement collective, devait pour être durable et progressive, être basée sur l’enquête permanente des faits et l’exacte connaissance des intérêts de tous.