Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 187 —

sorte de Conseil dictatorial, dont une majorité, de parti pris, dirigeât les résolutions, et contre lesquelles toutes protestations de la minorité devaient être déclarées nulles et non avenues.

La non publicité absolue fut donc votée par la majorité de la Commune et tout compte-rendu absolument interdit[1].

Ce vote porta à l’influence morale de la Commune un coup des plus funestes, en permettant d’abord de relever la contradiction manifeste de l’acte avec les principes jusqu’alors soutenus par la plupart de ses membres, puis ensuite de prêter le flanc aux calomnies que ne manquèrent pas de lancer les journaux ennemis, calomnies contre lesquelles il n’y avait autre chose à opposer que la reproduction des débats qui leur eût pu être imposée. Puis, la Commune témoignait ainsi qu’à son tour elle entendait devenir une autorité gouvernementale, prétention qu’elle ne réalisa que trop par la suite et qui la devait conduire à sa perte, de même que tous ses devanciers prétendus révolutionnaires.

Avant de se séparer, la Commune chargea enfin les citoyens Vallès, Lefrançais et Ranc de préparer un projet de proclamation dans laquelle la Commune devait indiquer à ses électeurs de quelle façon elle envisageait la mission qu’elle venait d’accepter.

Ainsi se termina la première séance de la Commune. Dans cette séance, elle avait, dès le début, par un sentiment de dignité mal comprise, pris une attitude impolitique à l’égard du Comité central ; puis, à la fin, elle avait témoigné de sentiments autoritaires qui ne laissèrent pas de causer quelque inquiétude à ceux qui

  1. Ce qui n’empêcha pas que dés le lendemain et les jours suivants, certains journaux ne reproduisissent un compte-rendu très fantaisiste de nos séances, dont les éléments leur étaient fournis par l’indiscrétion d’un de ceux qui avaient le plus combattu lu publicité, le citoyen Régère, auquel un vote de blâme dut être infligé.