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Vint ensuite l’appel nominal des membres présents et par arrondissement.

Cet appel terminé, le citoyen Tirard, élu par le 2e arrondissement, demanda la parole. Il déclara que le discours que venait de prononcer le citoyen Beslay et l’approbation dont ce discours venait d’être l’objet, lui faisait entrevoir que la Commune, sortant de ses attributions de simple Conseil municipal, s’arrogeait par là un pouvoir politique. Sa conscience lui interdisait de continuer de siéger à la Commune, ses électeurs ne lui ayant donné qu’un simple mandat administratif, et, en conséquence, il donnait sa démission.

Bien qu’il nous répugne de mettre en doute la bonne foi de nos adversaires, il est de toute évidence qu’en cette occasion, la déclaration de M. Tirard n’était, en réalité, qu’une véritable comédie dont le manque de franchise n’était pas le moindre défaut.

Ainsi, durant toute une semaine, Paris avait été sous le coup d’une épouvantable guerre de rue, pour s’être opposé à l’attentat projeté par le gouvernement contre la République et les droits de la cité ; durant toute une semaine, le Comité central, organe de la presque totalité de la garde nationale parisienne, avait tracé le programme politique et social de la Commune future ; durant toute une semaine, les maires et les adjoints, élus le 7 novembre, avaient en majorité combattu le Comité central, puis, convaincus de leur impuissance, avaient enfin adhéré aux élections communales ayant pour but de réaliser les principes affirmés par le 18 mars ; plus encore, les maires, les adjoints et les députés de la Seine s’étaient portés ou laissés porter par leurs amis comme candidats à la représentation communale ; vingt d’entre eux avaient été élus, et voilà qu’à peine investis du mandat de ses électeurs, mandat délégué en pleine connaissance de cause, l’adversaire le plus

    constance, puisqu’il s’agissait des droits de cette commune, dont la reconnaissance et la sauvegarde devaient, à nos yeux et par contrecoup, assurer l’existence de la République.