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suites eussent été la ruine complète de l’industrie parisienne.

La séance ouverte, le citoyen Beslay prononça le discours suivant :

Citoyens,

Votre présence ici atteste à Paris et à la France que la Commune est faite, et l’affranchissement de la Commune de Paris, c’est, nous n’en doutons pas, l’affranchissement de toutes les communes de la République.

Depuis cinquante ans, les routiniers de la vieille politique nous bernaient avec les grands mots de décentralisation et de gouvernement du pays par le pays. Grandes phrases qui ne nous ont rien donné.

Plus vaillants que vos devanciers, vous avez fait comme le sage qui marchait pour prouver le mouvement ; vous avez marché, et l’on peut compter que la République marchera avec vous !

C’est là en effet le couronnement de votre victoire pacifique. Vos adversaires ont dit que vous frappiez la République ; nous répondons, nous, que si nous l’avons frappée, c’est comme le pieu que l’on enfonce plus profondément en terre.

Oui, c’est par la liberté complète de la Commune que la République va s’enraciner chez nous. La République n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était aux grands jours de notre Révolution. La République de 93 était un soldat qui, pour combattre au dehors et au dedans, avait besoin de centraliser sous sa main toutes les forces de la patrie ; la République de 1871 est un travailleur qui a surtout besoin de liberté pour féconder la paix.

Paix et travail ! Voilà notre avenir ! Voilà la certitude de notre revanche et de notre régénération sociale, et ainsi comprise, la République peut encore faire de la France le soutien des faibles, la protectrice des travailleurs, l’espérance des opprimés dans le monde et le fondement de la République universelle.

L’affranchissement de la Commune est donc, je le répète, l’affranchissement de la République elle-même ; chacun des groupes va retrouver sa pleine indépendance et sa complète liberté d’action.

La Commune s’occupera de ce qui est local ;

Le département s’occupera de ce qui est régional ;

Le gouvernement s’occupera de ce qui est national.

Et, disons-le hautement, la Commune que nous fondons sera la