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ment, jamais siéger à la Commune où il se fût sans sans doute trop bien occupé de défendre les intérêts de Paris et de la République.

La séance fut ouverte par le citoyen Ch. Beslay, acclamé président, poste auquel il avait d’ailleurs droit comme doyen d’âge. Il avait alors 77 ans !

Appartenant à une famille riche de la Bretagne, le citoyen Beslay avait su de bonne heure se créer des moyens d’existence qui lui fussent propres. Dès sa jeunesse, il avait compris que le travail seul donne droit au respect Ingénieur civil, il prit une part active à la construction des voies ferrées en France et en Suisse. — Envoyé plusieurs fois à nos assemblées parlementaires, il s’était toujours tenu dans un courant d’idées favorables à l’émancipation des travailleurs. Ses connaissances en matière de banque et de crédit l’avaient mis en 1848, à l’Assemblée constituante, en relations avec Proudhon, dont il resta l’ami en même temps qu’il en demeura le disciple. Le citoyen Beslay est mutuelliste. Avec cet entêtement et cette ténacité qui est le propre de la race à laquelle il appartient, il déclara une guerre acharnée et sans réserve au système de parasitisme qui grève la production aux dépens de la sécurité publique et du bien-être général. La Révolution sociale, dont le 18 mars semblait devoir être l’inauguration sans retour, le comptait au nombre de ses partisans les plus sincères et les plus dévoués, bien que par sa position de fortune il appartînt à l’ordre bourgeois.

Aussi, dès le 18 mars, s’était-il entremis pour obtenir de la Banque de France qu’elle consentît à aider de ses avances le Comité central, auquel le gouvernement qui venait de fuir avait enlevé toutes ressources pécuniaires, situation qui, si on n’eût trouvé le moyen d’y remédier, eût pu légitimement pousser la population, privée de moyens de subsistances, à ce qu’on est convenu d’appeler des « excès démagogiques, » dont les