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vince, si considérable pourtant, mais sur lequel nous ne sommes pas suffisamment renseigné.

La première séance de la Commune s’ouvrit le 28 mars, le soir même du jour de la proclamation de ses membres élus.

Cette séance d’ouverture fut marquée d’incidents trop caractéristiques pour que nous n’en retracions pas les détails.

Contre tous les usages pratiqués en semblable circonstance, aucun membre de la Commune ne fut régulièrement convoqué, ce qui empêcha un certain nombre d’y assister. Mais cet apparent oubli des convenances parlementaires signifiait en somme que la Commune, par le fait même de son élection, étant seule maîtresse de se réunir, le Comité central s’effaçant, conformément à ses précédentes déclarations, c’était à la Commune seule qu’il appartenait de fixer le moment de sa réunion.

Que le Comité central ou certains de ses membres eussent eu une autre pensée ; qu’ils eussent eu par là l’intention de tâter le pouls à la nouvelle puissance communale, et de se rendre compte de son degré d’énergie, cela nous a toujours semblé très probable. Mais c’était précisément à cause de cela qu’il importait à la Commune d’entrer de plein pied à l’Hôtel-de-Ville, en vertu du droit que venaient de lui conférer ses 230 mille électeurs et sans qu’elle eût besoin ni d’être convoquée, ni même d’être introduite : n’était-elle pas chez elle ?

Empêtrés de traditions surannées et renfermés dans une dignité d’emprunt dont les gouvernements autoritaires savent si bien masquer, quand il est besoin, leur impuissance ou leur injustice, un grand nombre de membres de la Commune ne le comprirent pas ainsi.

On eut le tort d’attendre pour ouvrir la séance qu’une délégation du Comité central vint saluer les nouveaux arrivants. Ce Comité put ainsi se convaincre,