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Chers concitoyens,

Je m’empresse de porter à votre connaissance que, d’accord avec les députés de la Seine et les maires élus de Paris, nous avons obtenu du gouvernement et de l’assemblée nationale :

1o La reconnaissance complète de vos franchises municipales ;

2o L’élection de tous les officiers de la garde nationale, y compris le général en chef ;

3o Des modifications à la loi sur les échéances ;

4o Un projet de loi sur les loyers, favorable aux locataires, jusques et y compris les loyers de 1,200 francs.

En attendant que vous me confirmiez ma nomination, ou que vous m’avez remplacé, je resterai il mon poste d’honneur, pour veiller à l’exécution des lois de conciliation que nous avons réussi à obtenir, et contribuer ainsi à l’affermissement de la République.

Paris, le 23 mars 1871.

Le vice-amiral commandant en chef provisoire,
Saisset.

Or, cette proclamation était mensongère d’un bout à l’autre. — Ni les députés, ni les maires de Paris n’avaient rien obtenu, et l’amiral le savait mieux que personne, lui, qui, la veille, s’était écrié, en pleine assemblée, qu’il « fallait faire appel à la province et marcher sur Paris[1] ! » pendant qu’à cette même séance, M. Jules Favre — incarnation du faux — avait demandé « pardon à Dieu et aux hommes d’avoir obtenu des Prussiens qu’ils laissassent des armes à la garde nationale de Paris ! »

Ils savaient bien cependant qu’il mentait, le signataire de cette proclamation, MM. Langlois et Schœleher, ces deux prétendues austérités républicaines, qui n’avaient point eu honte d’accepter de jouer le rôle de comparses dans cette abominable comédie d’une fausse conciliation !

  1. Le loyal marin n’eut pas honte pourtant de dire le lendemain à M. Léo Meillet, qui lui reprochait l’infamie de ses paroles, qu’il ne les avait prononcées que par ironie, ajoutant qu’il se f… de tous les gouvernements — ce que nous croyons sans peine, d’ailleurs, de lui, et de bien d’autres encore qui sont tout disposés à émarger volontiers à tous les budgets.