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y prend place et y conquiert des droits. — Un peu plus d’audace de la part des membres de la gauche, et nous avions une journée pareille à celle du 15 mai 1848[1]. »

La proposition de M. Arnaud, de l’Ariége, avait pour but d’obtenir que l’assemblée autorisât les maires de Paris à prendre telles mesures qu’ils jugeraient convenables et à fixer au 3 avril les élections du Conseil municipal.

Il va sans dire que la proposition n’eut point de suite, retirée qu’elle fut par son auteur avant même toute discussion.

Mais que pensent maintenant de leur triste conduite en cette circonstance MM. les maires et les députés de Paris, et combien ils s’en doivent savoir gré, en présence de l’aveu significatif et des agréables persifflages de M. l’officier supérieur de l’armée de Versailles ?

Et dire que jusqu’à la fin de la lutte, même après l’écrasement horrible et sans pitié des milliers de citoyens qui avaient placé en eux leur confiance, l’altitude de ces hommes resta la même, à la honte et au mépris de l’idée républicaine qu’ils avaient accepté de représenter et de défendre !

Malgré son apparent dédain du Comité central, le pouvoir exécutif et l’assemblée comprirent cependant qu’il était important d’attirer à eux l’élément bourgeois resté en expectative, malgré les efforts de MM. Tirard, Dubail, Vacherot, Héligon, Murat (André) et Clémenceau, qui brûlaient du désir de mitrailler les « gens de l’Hôtel-de-Ville, » et avaient fait de la mairie du 2e arrondissement (quartier de la Bourse et de la Banque) le siège de la résistance au Comité.

L’amiral Saisset reçut donc carte blanche pour tenter de grouper autour de lui la petite bourgeoisie parisienne, en l’alléchant par de mensongères promesses, et le jeudi 23, il lança une proclamation ainsi conçue :

  1. Guerre des communeux de Paris, par un officier supérieur de l’armée de Versailles, pages 112 et 113.