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respect dû à l’autorité gouvernementale, toujours indemne !

Effrayées pourtant des conséquences possibles de leur inertie, les Municipalités, d’accord avec les députés, résolurent d’aller à Versailles pour tenter une conciliation avec l’assemblée et le pouvoir exécutif.

Nous ne pouvons rien faire de mieux, pour démontrer que s’ils avaient fait preuve de quelque énergie dans cette démarche, ces Messieurs eussent pu en tirer d’heureux résultats, que de reproduire ici les impressions que causa cette tentative à l’auteur de l’histoire de la Guerre des communeux de Paris, qu’on affirme occuper un grade fort élevé dans l’armée et qui parle de visu.

« La fin de la séance du 23 » — dit cet officier supérieur « — fut troublée par le dépôt d’une proposition de M. Arnaud, de l’Ariége[1], tendant à obtenir que les maires de Paris pussent venir exposer leurs doléances à la barre de l’assemblée. Le président et la questure eurent la faiblesse d’admettre dans une tribune publique les maires vêtus de noir, cravatés de blanc, portant en sautoir l’écharpe tricolore, et s’offrant majestueusement en spectacle aux députés, fort émus de cette entrée en scène. Des cris de : Vive la République ! s’étant échangés entre cette escouade de maires et les bancs de la gauche, il s’ensuivit un tumulte qui pouvait dégénérer en vrai désordre, et l’imprudent M. Grévy ne trouva rien de mieux à faire que de lever brusquement la séance.

» C’était une grande imprudence, en effet, que d’avoir autorisé l’introduction, même dans une tribune de la Chambre, d’une bande de Messieurs revêtus d’insignes municipaux. Dés que le public, d’une assemblée perd son caractère impersonnel et anonyme de public, il devient aussitôt partie, intégrante de cette assemblée ; il

  1. À la fois maire du 7e arrondissement et député de la Seine.