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En conséquence, le Comité central des vingt arrondissements, composé d’hommes déjà connus d’un grand nombre d’entre vous vous adjure de vous rendre au scrutin, et, dût-il durer deux jours pour permettre à chacun d’accomplir ce devoir sacré en toute certitude, de donner par là la seule solution qui convienne au mouvement accompli le 18 mars : la constitution d’une représentation municipale ramenant dans Paris la sécurité que n’a pu lui procurer aucun des gouvernements autoritaires qui l’ont opprimé jusqu’ici.

Aux urnes ! citoyens, Aux urnes ! — afin que le fusil soit aussitôt remplacé par l’outil, et qu’ainsi soient assurés pour tous le travail, l’ordre et la liberté.

Au nom du Comité central des vingt arrondissements
et par délégation :
Ch. Beslay, Briosne, Baux, H. Bocquet, Bedouch, A. Brouillé, Chalvet, Camélinat, Ch. Dumont, P. Denis, Th. Ferré, Hamet, Ambroise Lyas, Lefrançais, Constant Martin, Eugène Pottier, Ch. Rochat, Régnier, Thélidon, Theisz, Vaillant, Jules Vallès.
(Extrait du Cri du Peuple du’24 mars.)

Mais la réaction avait déjà commencé son œuvre.

Dès le mardi 21, un certain capitaine A. Bonn du 253e bataillon de la garde nationale, invitait, par une affiche placardée aux alentours de la place Vendôme et du boulevard des Capucines, les bons citoyens, amis de l’ordre, à se grouper autour de lui pour « opposer une digue à la Révolution, » tandis que de son côté, un sieur Nivoley, capitaine au 17e bataillon de la garde mobile de la Seine, invitait ses camarades à se réunir à lui auprès de l’amiral Saisset pour « défendre la société menacée. »

Cet appel ne groupa, le premier jour qu’un nombre insignifiant de personnes, et surtout de curieux qui se contentèrent d’une simple promenade.

Mais un nouveau rendez-vous fut pris pour le lendemain 22. Une colonne d’environ trois mille personnes se forma aux abords du Nouvel-Opéra et du Grand-Hôtel.

À sa tête se faisaient remarquer MM. de Heckeeren,