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21 mars et sur papier blanc, afin de lui donner un caractère quasi-officiel, la proclamation suivante :

Déclaration de la Presse
Aux Electeurs de Paris.

Attendu que la convocation des électeurs est un acte de la souveraineté nationale ;

Que l’exercice de cette souveraineté n’appartient qu’aux pouvoirs émanés du suffrage universel ;

Que, par suite, le Comité qui s’est installé à l’Hôtel-de-Ville n’a ni droit ni qualité pour faire cette convocation ;

Les représentants des journaux soussignés considèrent la convocation affichée pour le 22 mars comme nulle et non avenue et engagent les électeurs à n’en pas tenir compte.

Cet acte, essentiellement provocateur à la guerre civile, avait été inspiré à la presse par la proclamation ci-après, émanant des maires et des députés qui semblaient prendre plaisir à augmenter les complications du moment :

Les maires et adjoints de Paris et les représentants de la Seine font savoir à leurs concitoyens que l’assemblée nationale, dans la séance d’hier, a voté l’urgence d’un projet de loi relatif aux élections du Conseil municipal de la ville de Paris.

La garde nationale, ne prenant conseil que de son patriotisme, tiendra à honneur d’écarter toute cause de conflit, en attendant les décisions qui seront prises par l’assemblée nationale.

Vive la France ! Vive la République !

Paris, 21 mars 1871.
(Suivaient les signatures.)

La déclaration de la presse, si courte qu’elle fût, renfermait presque autant de sophismes que de mots.

Outre qu’en attribuant aux seuls pouvoirs émanés du suffrage universel le droit de consulter ce même suffrage, elle dépouillait l’électeur, par cela même, de son inaliénable souveraineté, elle confondait de plus le droit de convocation à des élections purement communales, avec celui relatif aux élections générales