Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 155 —

Ni les Municipalités, ni les députés de Paris, ne surent comprendre en ces graves circonstances qu’en se renfermant dans une prétendue dignité dont leur étroit amour-propre était le principal fonds, ils appelaient sur la cité d’effroyables malheurs qui pouvaient entraîner la perte même de la République.

Rien dans l’histoire ne pourra justifier ces hommes du lâche abandon dans lequel ils ont laissé cette vaillante et généreuse population de Paris qui, après tant de misères et de privations subies, durant sept longs mois de siège, s’offrait encore en holocauste pour le salut de la République et l’affranchissement des travailleurs.

En vain, ils tenteront de se réfugier, ces prétendus républicains et ces prétendus socialistes, derrière les méfiances que leur inspiraient des hommes à peine connus et dont ils ignoraient les tendances.

L’histoire leur répondra que c’était en raison même de ces méfiances qu’il fallait faciliter à ces inconnus le moyen de restituer l’autorité qui venait de leur échoir presque malgré eux, et qu’ils offraient de déposer immédiatement entre les mains de qui il appartenait seulement alors : la population de Paris, convoquée dans ses Comices électoraux.

Leur inqualifiable défaillance eut pour premier résultat d’empêcher le Comité central de compléter et de garantir la victoire pacifique du 18 mars, en portant rapidement sur Versailles de suffisantes forces pour s’opposer à l’installation du gouvernement qui s’y était enfui.

Car, sans sortir du cadre purement local que venait de se tracer le mouvement de Paris, et sans prétendre même s’ingérer dans les relations du gouvernement avec le reste de la France, la sécurité de Paris s’opposait du moins à ce que ce gouvernement pût concentrer à ses portes des forces capables de menacer la ville, de lui couper ses communications, et le