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n’étaient pas notoirement connus comme les partisans quand même du gouvernement de M. Thiers ?

Et c’est à ces hommes qu’on aurait confié, même pour quelques jours, l’administration, presque le gouvernement de Paris ?

Est-ce qu’à leur tour les députés de Paris ne prétendraient pas, eux aussi, diriger le mouvement politique ? Et à quel titre refuserait-on alors à MM. Tirard, Arnaud (de l’Ariége) et Clemenceau comme députés, ce qu’on leur venait d’accorder en tant que maires ?

Et que fût-il resté en ce cas au Comité central ? L’honneur de garder ces Messieurs ?

C’eût été vraiment une abdication trop naïve et autant eût valu alors laisser s’accomplir la reprise des canons le 18.

Quelles garanties, d’ailleurs, offraient MM. les maires de ne point faire tourner la transaction au bénéfice du gouvernement de Versailles ?

Leur parole ?

Les lettres échangées depuis entre MM. Vautrain (4e arrondissement) et Degouve-Denunques (ex-adjoint au 10e), et dans lesquelles ces Messieurs, après s’être mutuellement reproché d’avoir été prêts à transiger avec l’émeute, s’en justifièrent l’un et l’autre en affirmant qu’ils n’avaient paru y consentir qu’afin que Versailles eût le temps de concentrer de suffisantes forces pour écraser les émeutiers ; ces lettres, disons-nous, en révèlent long sur la foi qu’on pouvait ajouter à de tels engagements[1].

S’il est vrai donc, comme on nous l’a affirmé, que ce furent les Comités d’arrondissement qui s’opposèrent

  1. Nous trouvons à cet égard l’aveu suivant dans un livre nouvellement paru sur le 18 mars et la résistance des maires, auquel la situation de son auteur, M. Frédéric Damé, secrétaire de M. Tirard — le chef de la résistance — donne une signification sans réplique : « Les maires ont tenu huit jours le Comité central en échec et ces huit jours, le gouvernement a pu les employer à organiser son armée !en agissant comme ils l’ont fait, les maires de paris ont agi en bons citoyens. »