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Le 18, à trois heures de l’après-midi, bien avant même que le Comité central fût à l’Hôtel-de-Ville, les membres des municipalités avaient eu une réunion an 2e arrondissement. Une députation avait alors été envoyée à M. Thiers, qu’elle ne put voir ; à M. Picard, ministre de l’intérieur, qui refusa de prendre aucune décision ; en troisième lieu, à M. d’Aurelles de Paladines, alors commandante en chef — nommé d’office — de la garde nationale, qui répondit qu’il avait bien prédit le résultat de cette journée aux avocats qui l’avaient voulue, et ajouta que le sort de ta République et de la France était désormais aux mains des municipalités parisiennes.

Enfin, cette députation s’en était allée trouver M. Jules Favre, qui, avec la superbe qu’on lui connaît, avait répondu que le gouvernement allait faire appel à la garde nationale, se mettre à sa tête et maîtriser l’insurrection. Cet intègre et vertueux républicain, devenu ministre de M. Thiers, avait même ajouté qu’il ne « pactiserait pas avec l’émeute ! »

Forts de l’aveu du général d’Aurelles de Paladines, affirmant que le gouvernement avait voulu la journée, et du parti pris par M. J. Favre de se refuser à toute concession, les maires et adjoints de Paris qui tous se prétendaient républicains et avaient été élus comme tels, n’avaient plus qu’un devoir à accomplir, afin de sauver la République et de garantir les droits de Paris dont on leur avait confié la garde :

Apporter leur concours à la constitution de la Commune, en facilitant les opérations électorales auxquelles étaient conviés les citoyens.

Malheureusement, il n’en fut point ainsi.

Le 19 mars, une délégation des Municipalités s’était présentée à l’Hôtel-de-Ville pour apprendre du Comité central quelle allait être la conduite de celui-ci à l’égard des magistrats municipaux élus les 5 et 7 novembre.

Après une discussion de plusieurs heures, trois dé-