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Le Comité central déclara, de son côté, qu’il avait eu seulement le soir du 18, connaissance et de l’arrestation et de la mort de MM. Lecomte et Clément Thomas, ajoutant de plus qu’une enquête était ordonnée sur ces faits dont il entendait décliner toute responsabilité[1].

Mais comme il importait, en vue de ce qui pourrait survenir, de pouvoir poursuivre comme assassins les directeurs du mouvement du 18 mars, on n’en persista pas moins, notamment devant l’assemblée de Versailles, à affirmer qu’ils étaient les auteurs des exécutions. Et il ne se trouva pas une voix parmi les députés de la Seine alors présents, pour s’élever contre cette infâme manœuvre !

D’un autre côté, l’attitude des municipalités ne laissait pas que d’augmenter les anxiétés de la population. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que le Comité central, installé à l’Hôtel-de-Ville par la force des choses et la lâcheté d’un gouvernement qui n’avait su ni vaincre ni accepter sa défaite, voulant que Paris pût au plus vite procéder à son organisation communale, le concours des municipalités élues le 7 novembre 1870 lui était indispensable pour mener à bien son entreprise.

Si ce concours faisait défaut, le Comité central s’en faisant fort, pouvait convertir son autorité de circonstance en une dictature d’autant plus à craindre alors, que ceux qui la composeraient étant presque tous inconnus, nul ne pourrait prévoir quelles destinées seraient réservées à Paris et à la République.

  1. À l’appui de cette dénégation, nous relevons le fait suivant, dans le cours du procès fait à Versailles aux prétendus meurtriers : l’un des accusés, Aldentoff, ayant déclaré qu’il avait été cassé de son grade par la Commune, pour avoir voulu sauver MM. Lecomte et Clément Thomas, le président du Conseil, lieutenant-colonel Aubert, déclare que c’est au contraire parce que la Commune trouvait gênant d’avoir parmi les officiers de la garde nationale des gens qui avaient participé au meurtre, et le commissaire rapporteur s’empresse d’ajouter : « C’est à ce point que Bergeret, membre du Comité central alors, s’est écrié : « Cette affaire nous fait perdre plus de cent mille hommes. »