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suivre son exemple et à former avec lui un faisceau unitaire et cette fois réellement indivisible.

Malgré ces déclarations si précises, il fut facile de prévoir tout d’abord que le mouvement, à cause même de son caractère d’impersonnalité et par conséquent vraiment démocratique, serait difficilement accepté par l’ensemble de la population parisienne.

Deux exécutions sommaires avaient été faites par le peuple dans la soirée du 18. Le général Lecomte qui, le matin, avait excité, à diverses reprises, ses soldats à tirer sur la garde nationale de Montmartre ; l’ex-général en chef de la garde nationale durant le siège, M. Clément Thomas, tristement célèbre par ses ordres du jour, dans lesquels il s’ingéniait à déshonorer les Parisiens devant les assiégeants, et connu depuis vingt ans pour son horreur du peuple, qu’il traitait de canaille, avaient tous deux été faits prisonniers dans la journée et fusillés à Montmartre, après quelques heures de captivité.

Profitant de ces exécutions que rend, sinon excusables, du moins fort explicables, la colère des masses exaspérées, qu’on est d’ailleurs habitué à massacrer avec une bien autre désinvolture, la presse réactionnaire et même une partie de celle qui se dit républicaine, imputèrent calomnieusement ces faits au Comité central, qu’ils affectèrent de représenter comme un groupe d’assassins.

Ces journaux étaient cependant en mesure de savoir que le Comité central était complètement étranger à la mort de ces deux hommes.

Deux pièces datées des 18 et 19 mars, signées de noms très connus, certifiaient que, ni le Comité central, ni le Conseil de légion du 18e arrondissement, n’étaient pour rien dans cette malheureuse affaire et qu’elle était le fait de l’effervescence populaire[1].

  1. Voir aux pièces justificatives, VI.