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Paris, s’avisa fie supprimer six journaux : le Vengeur, le Cri du Peuple, le Mot d’Ordre, le Père Duchêne, la Caricature et la Bouche de Fer.

Ce décret de suppression n’avait certes rien de surprenant ni de nouveau. Mais, outre qu’il frappait naturellement sur les journaux les plus lus par les républicains (les trois premiers surtout), ce décret portail de plus cette clause insolite : « l’interdiction jusqu’à la levée de l’état de siège » — dont la date n’était ni fixée ni même prévue — de « publier tous nouveaux journaux et écrits périodiques traitant de matières politiques et d’économie sociale. » !

Et, chose inouïe dans le journalisme, il se trouva parmi les organes de la presse monarchiste des journaux qui ne rougirent pas de faire chorus avec les feuilles de l’ex-police impériale, qui applaudissaient naturellement à ce décret.

Ce premier acte de franche réaction réalisé, on tenta ensuite de terminer la fameuse affaire des canons, repris par la garde nationale, la veille de l’entrée des Prussiens, et gardés par elle depuis lors, comme étant sa propriété, puisqu’elle les avait payés de ses deniers.

Pour les faire rentrer entre les mains de l’État qui, contre tout droit, prétendait qu’ils lui fussent remis, le général d’Aurelle de Paladines fut appelé à cet effet au commandement en chef de la garde nationale, malgré les énergiques réclamations de celle-ci, qui revendiquait le droit d’élire elle-même tous ses officiers supérieurs d’état-major.

Ce général, bien connu pour ses tendances royalistes et cléricales, fut chargé de s’entendre, pour le coup qui se préparait[1], avec le général Vinoy et le nouveau préfet de police Valentin, ex-colonel de gen-

  1. Voir la note V aux pièces justificatives, pour le mouvement des troupes de province sur Paris.