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lation de tous les pouvoirs à Paris, et accusait nettement les partis de vouloir décapiter la grande cité, devint le texte de réflexions qui toutes aboutissaient en laveur du mouvement communaliste.

L’assemblée nationale, disait-on, dans sa haine de Paris, veut lui enlever l’honneur, si chèrement acheté d’ailleurs, d’être le siège du gouvernement ? Eh bien ! soit. Paris saura se passer de cet honneur, mais il faut alors qu’il reconquière en même temps les franchises et les libertés communales qu’on n’a jamais voulu lui accorder, sous prétexte que, siège du pouvoir central, il y aurait danger à créer une situation telle, qu’un jour une compétition fatale surgirait du conflit des deux autorités centrale et communale.

À ce prix, Paris, désormais ville libre et disposant de ses intérêts politiques et sociaux, se consolera aisément de l’injure qu’a prétendu lui faire l’assemblée de Bordeaux. — Il y gagnera encore. — Et les journaux républicains commencèrent à développer chaque jour cette thèse dans leurs colonnes.

Ainsi, cette conception de la Commune de Paris, formulée dès le 4 septembre par le parti républicain socialiste, et envisagée surtout comme une nécessité de la défense, prenait corps de nouveau et était maintenant acceptée par la bourgeoisie républicaine, non plus comme un expédient, mais comme un principe et comme la seule sauvegarde de la République menacée par les ruraux de Bordeaux !

L’idée grandissait ; la démocratie allait enfin devenir chez nous une vérité et cela, grâce aux insolentes maladresses des ennemis de la République !

Les esprits étaient donc généralement préparés à de graves événements, sans qu’on put cependant prévoir ni comment ni par qui le signal en serait donné.

Comme toujours, nos gouvernants se chargèrent de ce soin.

Dès le 12 mars, le général Vinoy, gouverneur de