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À leur arrivée dans Paris, ils trouvèrent cette ville, non à feu et à sang, mais dans un état d’agitation du moins fort inquiétant.

Des causes multiples de mécontentement entretenaient cette agitation.

D’une part l’irritation bien légitime de la classe ouvrière, non seulement menacée de voir supprimer brusquement et avant la réouverture des ateliers, les ressources déjà si faibles avec lesquelles elle subvenait à ses plus urgents besoins, mais encore insultée chaque jour et par l’assemblée de Bordeaux et par la presse réactionnaire, dont tous les organes la dénonçaient à qui mieux mieux comme un ramassis de fainéants et d’ivrognes.

D’autre part, la bourgeoisie commerçante et industrielle n’avait pas non plus de bien grands sujets de satisfaction.

L’assemblée de Bordeaux avait voté, sur la proposition de M. Dufaure, une loi relative aux échéances[1], n’accordant qu’une dernière et dérisoire prorogation dont les délais, étaient à si courts termes, que bon nombre de fabricants et dé commerçants se voyaient déjà inscrits sur la liste des faillites. Enfin, il allait de plus falloir songer à satisfaire les exigences des propriétaires, menaçant d’être intraitables dans leurs revendications au nom des droits sacrés de la propriété.

À ces causes de froissements, il fallait ajouter l’entêtement qu’apportait l’assemblée à s’opposer, malgré tout ce qu’en put dire M. Thiers, à son transfèrement à Paris.

C’est surtout à propos de cette question que l’assemblée de Bordeaux ne dissimula rien de la haine qu’elle portait à Paris. À grand peine se décida-t-elle à se laisser ramener à Versailles, à l’échéance des vacances qu’elle venait de se donner.

Cette décision, qui ajournait indéfiniment la réinstal-

  1. Loi qui, avec raison, fut appelée loi de rancune.