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ques que créaient, d’une part, l’occupation prussienne et, d’autre part, les indécisions de l’assemblée qui déclara n’accepter la république qu’à l’état provisoire, comme aussi la nécessité d’attendre que les communications de Paris avec la province pussent être rétablies, devaient amener très lentement celle reprise des affaires et du travail.

Supprimer brusquement la solde allouée jusqu’alors aux gardes nationaux, c’était à la fois une maladresse politique et un véritable crime social, puisque c’était condamner à une mort certaine par la faim, plusieurs centaines de mille de citoyens et leurs familles, ainsi privés de toute ressource.

Malgré cela, on s’acharna à représenter les trente sous comme une armée de misérables, décidés à vivre désormais dans la paresse et l’ivrognerie, à l’aide de leur allocation, et résolus à maintenir cette situation par la force s’il le fallait.

On représenta la population de Belleville et de Montmartre — désignée déjà depuis plusieurs années, par les journaux policiers de l’empire, à la haine et an mépris de leurs concitoyens — comme ne s’étant emparée des canons qu’ils avaient établis sur les hauteurs, qu’en vue de mitrailler les quartiers riches, pour forcer ceux-ci à contribuer à les faire vivre sans travailler.

À chaque instant, le bruit courait à Bordeaux que ces projets venaient s’être mis en exécution et que la population ouvrière de Paris s’était ruée rur les quartiers riches et y avait tout mis au pillage.

Terrifiée de ces rumeurs incessantes, il fallut, pour rassurer l’assemblée nationale, que M. Thiers envoyât à Paris des députés pour s’éclairer sur la situation véritable des esprits.

Deux des maires de Paris, élus après le 31 octobre et qui passaient alors pour appartenir au parti républicain radical, MM. Clemenceau (18e arrondissement) et Tirard (2e arrondissement), obtinrent un congé de l’assemblée à cet effet.