Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 131 —

tionnaire recommença son œuvre de calomnies contre Paris et contre la garde nationale.

La principale des raisons mises en avant pour obtenir la prompte dissolution de celle-ci porta sur la paie qui lui était allouée.

Les nécessités de, la Défense ayant rendu indispensable la présence sous les armes de tous les citoyens valides, et tout travail régulier étant devenu par là impossible, il avait fallu pourvoir aux besoins journaliers des combattants et de leurs familles. — Une somme de un franc cinquante centimes par jour avait donc été allouée à tout citoyen qui « en ferait la demande et justifierait de sa réclamation, » ce qui transformait celle allocation, si maigre pourtant, eu une suite de dégradante aumône. Un supplément de 75 centimes avait été accordé aux femmes — légitimes — des réclamants.

Cette disposition restrictive, quant à la solde des gardes nationaux, avait tranché les défenseurs de Paris en deux camps bien distincts, les payés (les pauvres) et les non payés (ceux dont le revenu pouvait se passer de cette allocation).

Ceux-ci ne manquèrent bientôt pas de désigner les premiers sous l’appellation dédaigneuse des trente sous, ce qui était peu fait, on en conviendra, pour détruire l’antagonisme fatal qu’engendrent entre les classes les inégalités de conditions économiques qui les créent.

Que, le siège terminé, cette allocation dût disparaître, c’était là une prévision non seulement acceptée, mais encore entrevue avec joie par ceux mêmes qui la recevaient. Outre son double caractère humiliant pour le citoyen et onéreux pour le pays, il allait de soi que son insuffisance même n’offrait aucune compensation sérieuse ni acceptable à la plus grande partie de gens habitués à un salaire plus élevé et cependant à peine suffisant déjà pour leur entretien et celui de leur famille.

Mais pour que la suppression de celle paie fût possible, encore fallait-il attendre la reprise des affaires et du travail. Or, il était évident que les difficultés politi-