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clusive des bataillons des quartiers au milieu desquels ils étaient situés.

Le jour de l’occupation prussienne arriva, mais grâce aux efforts du Comité central de la garde nationale, institué le 24 février, et du Comité composé des délégués de l’Internationale et des Chambres syndicales ouvrières, la première effervescence se calma. L’occupation ne devait être composée que d’un détachement de 20,000 hommes, et le gros de l’armée allemande restait cantonné dans les forts et sur les hauteurs. Il était évident que tout essai de lutte eût été stérile et épouvantable dans ses conséquences[1].

Il fut seulement décidé que la garde nationale s’unirait à la troupe régulière pour former le cordon qui devait limiter l’occupation, comprise entre la rive droite de la Seine, la place de la Concorde, la rue Royale, le faubourg Saint-Honoré et l’avenue des Ternes. Toutes les statues des villes de France sur la place de la Concorde avaient été dès la veille voilées d’un crêpe noir.

Cette première journée fut à la fois sinistre et grandiose, tant par le calme et la dignité qu’y conserva la population que par ce que renfermaient de sourdes colères dans leurs cœurs, ceux qui se rappelaient amèrement qu’avec un peu d’honnêteté seulement, à défaut de génie, dans le cerveau de leurs gouvernants, cette honte nous aurait pu être épargnée.

Une telle situation ne pouvait se prolonger, chacun le comprenait — vainqueurs et vaincus — aussi comme nous l’avons dit plus haut, le 2 mars, les préliminaires de paix étaient-ils votés par l’assemblée de Bordeaux, et le 4 au matin, Paris délivré de l’horrible cauchemar qui l’obsédait.

Libre de toute inquiétude à cet égard, la presse réac-

  1. Ce qui n’empêcha pas cependant M. le gênerai Trochu, qui avait volontairement mis Paris dans cette humiliante et dangereuse situation, d’avoir l’impudente niaiserie de conseiller aux Parisiens de fermer leurs portes à l’ennemi et de les lui laisser briser à coups de canon !