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Comme eux les travailleurs des grandes villes souffrent des mêmes malheurs ; comme eux, ils sont les victimes de l’anarchie économique qui préside aux relations du capital et du travail ; comme eux, enfin, et plus qu’eux encore, les travailleurs des villes sont soumis aux horreurs de la misère et de la faim.

Si, plus heureux que les prolétaires des campagnes, ceux des villes peuvent se réunir, s’entretenir de leurs maux et des moyens d’y mettre fin, que les premiers n’oublient pas que chaque effort de ceux-ci — souvent au prix de leur sang — est un pas vers l’affranchissement de tous. Loin de s’en vouloir donc, que tous, travailleurs des villes et des campagnes, s’unissent dans le grand et douloureux travail de libération commune.

Déjà, et nous sommes heureux de le constater, déjà un grand retour en ce sens s’est effectué, et les élections du 2 juillet ont prouvé la vanité des exécrables efforts de ceux qui avaient tenté d’opérer cette lamentable séparation. Que les travailleurs des campagnes persistent dans ce retour à la justice envers leurs frères des villes, et c’en sera bientôt fini de la monarchie et de tous les priviléges qui lui servent de supports.

L’assemblée dite nationale, une fois en nombre, constitua enfin son bureau, et M. Grévy fut élu président.

M. Grévy, ancien représentant du Jura à la Constituante de 1848, connu surtout pour sa proposition, consistant à faire nommer le président de la République par l’assemblée elle-même, avait été envoyé au Corps législatif dans les dernières années de l’empire (1868).

L’élection de M. Grévy comme président de l’assemblée nationale indiqua clairement que cette assemblée n’entendait point voir diriger ses débats par un républicain, si pâle qu’en fût la nuance.

M. Grévy, en effet, accusé par ses adversaires dans le Jura, lors de son élection en 1868, d’être républicain et de vouloir le renversement de l’empire, s’en