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Des rires et des huées, nous le répétons, accueillirent cette noble et généreuse déclaration, et Garibaldi indigné sortit de la salle sans que, à l’exception de M. Victor Hugo, personne eût protesté contre de tels procédés dont, au mépris de toutes convenances, M. Benoist-d’Azy, président d’âge, se rendit le complaisant complice.

La population et la garde nationale de Bordeaux, faisant la haie sur son passage, le vengèrent de cet indigne traitement par leurs unanimes acclamations lorsqu’il descendait de la salle des séances.

Cette assemblée ne pardonnerait donc pas, c’était avéré déjà, à tous ceux qui avaient osé s’associer à la défense du pays et y concourir activement. Paris et toutes les grandes villes qui avaient voulu résister, étaient condamnées dans l’esprit de ceux qui, désormais et avec une trop grande vérité d’expression, s’appelèrent les ruraux.

Ainsi, grâce à l’ignorance systématique dans laquelle on avait tenu les habitants des campagnes, considérés comme machines à voter ; grâce à la haine envieuse et jalouse qu’on avait développée chez eux contre les habitants des villes, moins dociles aux mains des préfets les jours d’élections, on avait su créer une nouvelle et terrible cause d’antagonisme dans notre malheureux pays.

À tous les affreux désastres résultant d’une guerre épouvantable ; à toutes les difficultés provenant de la division et de la convoitise des partis politiques ; à toutes les causes de séparation résultant des priviléges sociaux et qui, en dépit de toutes hypocrites affirmations contraires, partagent le pays en deux classes — la Bourgeoisie et le Prolétariat, voilà qu’en vue de la seule conservation d’une prédominance malsaine, nos prétendus hommes d’État ont ajouté cette nouvelle cause d’antagonisme social : la haine des campagnes contre les villes ! Et une assemblée nationale, sortie des entrailles de cette haine, loin de songer à sauver