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Quant à ses collègues, ceux qui obtinrent le plus de voix furent MM. E. Picard, 39,193, et Jules Simon, 31,451.

Les autres n’obtinrent même pas un chiffre assez respectable pour être mentionné sur la liste des non-élus, dont le dernier, le citoyen Cluseret, avait obtenu 21,191 voix !

Le châtiment commençait.

Malheureusement les départements, mal renseignés sur les faits et gestes de ces hommes, et abusés par l’ancienne réputation d’honnêteté et de républicanisme dont ils avaient joui jusqu’alors, les départements adoptèrent tous ces refusés du scrutin parisien. Grâce donc à l’ignorance de leurs électeurs concernant leurs méfaits, ces hommes furent, hélas ! tous envoyés à l’assemblée nationale.

Dès le début de cette assemblée, on put prévoir que la majorité de ses membres volerait la paix au pied levé, afin de pouvoir commencer au plus vile son œuvre réactionnaire.

Son premier acte fut d’accueillir par des huées et des rires le général Garibaldi, élu dans les départements de la Côte d’Or, de la Seine et du Var en récompense des services signalés qu’il avait rendus à la France républicaine, en combattant victorieusement l’ennemi, chaque fois qu’il l’avait rencontré, et en préservant une grande partie de la Bourgogne (notamment le Mâconnais) d’un pillage certain sans cela[1].

Le général demandait la parole pour remercier seulement ses électeurs et pour déclarer qu’ayant entendu servir uniquement la Justice en combattant pour la République française, il se regardait comme suffisamment payé et venait donner sa démission de député. Il voulait de plus ajouter qu’il était prêt à offrir de nouveau son sang et celui de ses fils, si la France voulait continuer la lutte.

  1. Discours prononcé parle maire de Mâcon, M. Ferras, aux tireurs suisses, le 7 août 1871.