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divers partis politiques se trouvaient presque tous d’accord à Paris, c’est qu’on devait absolument écarter de l’urne tous les noms des membres du gouvernement du 4 septembre — celui de Dorian excepté… était-ce à cause du rôle singulièrement double qu’il avait joué dans la journée du 31 octobre ?

Cet accord s’explique d’ailleurs facilement. Le gouvernement de la Défense avait terminé sa tâche aux yeux des monarchistes. — Chargé de défendre la patrie, il l’avait livrée par son incapacité militaire et administrative, et la République qu’il était censé représenter, rendue responsable de ce déshonneur, en pouvait mourir.

Aux yeux des républicains, ce même gouvernement avait massacré ou emprisonné les siens au bénéfice des intérêts monarchiques et trahi la République.

Méprisés de la bourgeoisie et des aristocrates pour leur faiblesse et leur incurie, exécrés des travailleurs dont ils avaient trahi le patriotisme et les aspirations d’affranchissement social, tous acclamaient la chute honteuse des hommes du 4 septembre, tous étaient généralement décidés à les chasser du scrutin, afin que l’assemblée future pût en faire justice, et procédât à une enquête sévère sur leur inhabile et malhonnête administration.

C’est alors que furent communiquées au public, par l’organe du journal le Vengeur, rédigé par Félix Pyat, de singulières révélations touchant l’un des principaux auteurs de nos désastres et de notre honte.

Le Vengeur du 8 février — le jour même de l’ouverture du scrutin — contenait tout le dossier de police et le casier judiciaire de M. Jules Favre, vice-président de la Défense, et jusqu’en septembre 1871 encore, ministre des affaires étrangères. Ce dossier se composait de pièces relevées avec soin et collationnées par le citoyen Millière, ex-rédacteur de la Marseillaise, assassiné le 24 mai dernier, victime de son dévouement à la cause des travailleurs, et peut-être aussi à cause