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On savait que le midi notamment avait peu contribué à la guerre, et qu’il pouvait fournir de sérieuses ressources en hommes et en argent à la défense commune.

Les généraux Chanzy et Faidherbe avaient encore sous leurs ordres de nombreuses troupes aguerries déjà et dont le patriotisme ne demandait qu’à fournir de nouvelles preuves.

Sans doute Paris — entouré de forts maintenant à l’ennemi et devenus une menace incessante et terrible — ne pourrait plus prendre part à la lutte et serait contraint d’assister passivement à la délivrance du pays. Peut-être même aurait-il à endurer les brutalités du vainqueur devenu son maître, mais n’était-ce pas là le sort de Strasbourg, trahi comme Paris par celui qui était chargé de le défendre ; de Metz, livré par Bazaine ? Eh bien ! Paris livré par Trochu et J. Favre subirait la loi commune à ses sœurs. Au moins la France pourrait encore être arrachée à la honte, si ses députés à l’assemblée nationale avaient le courage d’appeler à eux tous les dévouements et toutes les énergies pour entreprendre cette œuvre glorieuse et de se mettre, comme en 1793, à la tête des armées nouvelles qu’ils allaient créer.

Tels étaient les sentiments qui animaient les cœurs de tous les républicains de Paris, de celle grande cité calomniée devant la province et qu’on s’acharnait pendant ce temps à représenter au reste de la France comme ne renfermant dans son sein qu’un ramas de bandits prêts à sacrifier le pays à leurs violences et à leurs appétits égoïstes.

Les départements, séparés de Paris depuis de longs mois et déjà préparés sous l’empire à regarder cette ville comme leur ennemie, ne prirent que trop au sérieux les déclamations haineuses et intéressées des partis monarchiques redoutant son influence.

On ne tarda pas à prévoir qu’en haine de Paris et des prétentions qu’on lui supposait à gouverner la