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pérée, ne répondit pas à l’appel généreux qu’on lui fit, et, l’indécision, la mollesse, disons le mot, des municipalités aidant, un petit nombre seulement de républicains, dévoués jusqu’à la mort, se rendirent, le 22 janvier, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, au rendez-vous qu’on s’était donné.

Calmes, mais résolus, ils parlementèrent d’abord avec le citoyen Chaudey, adjoint de M. Ferry, pour qu’on introduisît leurs délégués à l’Hôtel-de-Ville, où ils supposaient que devaient alors être réunis les membres de la Défense.

Le citoyen Chaudey, sous prétexte d’en référer à M. J. Ferry, mais en réalité pour organiser la résistance, ayant disparu, les pourparlers continuèrent avec le commandant de service qui était survenu. Soudain, une fusillade furieuse, parlant des fenêtres de l’Hôtel-de-Ville et des deux annexes aux angles de l’avenue Victoria, prit les gardes nationaux entre deux feux. Ceux-ci ripostèrent à cette lâche agression, mais durent se retirer après un combat d’environ une demi-heure, laissant une soixantaine des leurs, sans compter les passants, hommes, femmes et enfants qui, ne s’attendant à rien de semblable, stationnaient curieusement sur la place, et qui tombèrent assez nombreux sous les les balles des mobiles bretons apostés à dessein pour exécuter cet abominable forfait[1].

Pour masquer le crime qu’il venait de commettre, et fidèle à ses habitudes de mensonge, le gouvernement J. Favre-Trochu et leurs comparses ne manquèrent, non plus qu’au 31 octobre ; de déclarer que ceux qu’ils venaient de faire assassiner étaient t les partisans de l’étranger. »

  1. La preuve de l’organisation de ce guet-apens se trouve dans ce fait que des le matin du 22 janvier, un ordre du jour imprimé fut distribué dans toutes les compagnies, ordre du jour dans lequel le général en chef, Clément Thomas, invitait « ses camarades de la garde nationale » à marcher au secours de l’Hôtel-de-Ville menacé. Or, le général Clément Thomas savait bien que le gouvernement n’y tenait plus ses séances depuis longtemps.