Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 110 —

Le général Ducrot fit, dès la veille du jour fixé, sa fameuse proclamation, dans laquelle il jurait de ne rentrer à Paris que « mort ou victorieux. »

On sait ce qu’il advint, et de la sortie et de la proclamation.

L’ennemi, dûment averti de nos projets, se porta tour à tour sur tous les points successivement menacés, et après trois jours de lutte acharnée, nos troupes épuisées durent évacuer les hauteurs de Champigny, si chèrement conquises, et se replier sous les fortifications de Vincennes.

Le général fanfaron n’était, hélas ! ni mort ni encore moins victorieux !

Paris s’assombrit de plus en plus ; chacun comprenait de reste maintenant qu’au train dont allaient les choses et grâce à l’incurie croissante de l’administration municipale, alors dirigée par M. J. Ferry, dont l’incapacité surpassa celle même de M. Et. Arago — dans ces fonctions de maire central — chacun, disons-nous, comprenait que la reddition de Paris, la honte de la France, devenait inévitable.

D’un autre côté, les privations s’aggravaient. Plus d’éclairage, plus de combustible possibles, plus de vivres frais, ou tout au plus de loin en loin et à rations illusoires, le savon même allait manquer et la comédie du pain noir, de ce fameux pain, dans la composition duquel nos administrateurs s’ingénièrent à faire entrer tout autre chose que de la farine, la comédie du pain immangeable et rationné allait commencer !

C’était la principale combinaison du plan Trochu et celle sur laquelle on comptait le plus, pour forcer Paris à mettre fin à sa « ridicule prétention » de vaincre l’ennemi.

Un dernier effort, exigé par la garde nationale, fut encore tenté le 19 janvier, mais le même mauvais vouloir et la même imprévoyance ayant présidé à son organisation, cet effort suprême échoua de nouveau,