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sur la table d’où Rochefort avait été contraint de descendre, proclama la déchéance du gouvernement Trochu, J. Favre et consorts.

Une liste fut alors proposée pour composer une commission exclusivement chargée de faire procéder dans les 48 heures à l’élection de la Commune de Paris.

Cette liste contenait les noms des citoyens Dorian, Louis Blanc, Blanqui, Félix Pyat, Gambon, Delescluze, Ledru-Rollin et Minière.

Cette liste, connue quelques heures après dans Paris, obtint l’approbation générale de tous ceux qui voulaient la continuation de la lutte et l’affermissement de la République.

Cette approbation fut d’autant mieux acquise aux noms proposés qu’ils n’étaient point considérés comme devant constituer un pouvoir dictatorial nouveau, mais seulement comme chargés d’organiser l’élection immédiate d’une assemblée communale qui représentât sérieusement cette fois les aspirations de Paris.

Mais faute d’entente préalable, et ce qui prouve du reste que les événements seuls avaient déterminé l’explosion, plusieurs listes, lues sur divers points de l’Hôtel-de-Ville, furent colportées au dehors, ce qui commença à jeter un véritable trouble dans les esprits habitués à plus d’unité dans des circonstances analogues.

Enfin, pour comble de désarroi, un certain groupe, tout en admettant l’idée de la Commune de Paris, entendait que ceux qui seraient chargés d’organiser son élection, garderaient le pouvoir politique en lieu et place de ceux qu’on en venait chasser.

Déjà depuis plusieurs heures, le gouvernement de la Défense, presque tout entier réuni dans la salle des délibérations[1], était entouré d’un grand nombre de

  1. Un seul en avait prudemment disparu et mit quelque temps à venir au secours de ses collègues ; c’était Ernest Picard, qui dès 3 heures du soir, avait quitté l’Hôtel-de-Ville pour n’y revenir que vers 9 heures : il était allé sauvegarder le ministère des finances !