Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 95 —

tout de Bretons, dont le dévouement à la personne de Trochu et à la réaction était déjà bien connu.

Les délégués du Comité central furent ainsi obligés de se séparer, forcés qu’ils étaient de se faire jour un par un et non sans de grandes difficultés, à travers cette haie de baïonnettes.

Les premiers arrivés dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville, trouvèrent MM. Trochu, J. Favre et J. Ferry entourés des maires et adjoints de Paris, et de quelques journalistes.

Le général Trochu faisait à ces derniers un cours de stratégie à l’aide duquel il essayait de leur démontrer que rien n’était plus avantageux à la défense, que d’abandonner le lendemain une position prise la veille à l’aide des plus grands efforts et des pertes les plus cruelles.

Indigné de l’impudence de ce stratégiste et de la docilité avec laquelle l’auditoire écoutait cette sinistre bouffonnerie, un des délégués du Comité central — l’auteur de ces lignes — interrompit le discoureur, ajoutant qu’on n’était point là pour entendre de semblables choses, mais pour sommer le gouvernement de faire procéder d’urgence à l’élection d’une Commune, seule chargée désormais des intérêts militaires et administratifs de Paris.

Après quelques interpellations fort vives, échangées entre les auditeurs bénévoles, l’interrupteur et les trois membres présents du gouvernement, ceux-ci se retirèrent, déclarant qu’ils allaient délibérer.

En ce moment même, le peuple faisait irruption dans la salle, et quelques instants après, la déchéance du gouvernement était unanimement réclamée.

En vain Rochefort, dont l’attitude laissa grandement à désirer en cet instant, et dont les réticences au sujet de l’affaire Pyat, relative à la reddition de Metz, avaient bien ruiné l’influence, tenta d’élever la voix en faveur d’un gouvernement dont il faisait partie, le peuple ne voulut rien entendre, et un citoyen, monté