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JEAN RHOBIN

le plus difficilement. Les sentiments qu’elle évoque ne sont mêlés à aucun incident particulièrement fâcheux qui trouble le souvenir. Au contraire, la mort accidentelle, violente, est toujours accompagnée de regrets, de pitié, de révolte, qui bouleversent la pensée dont l’esprit cherche à s’entretenir après la disparition d’un être cher.

Marthe avait laissé à Jean l’impression d’une agonie calme, sublime. L’entêtement du père venait quelque peu brouiller sa pensée, mais ce désagréable souvenir était largement compensé par les prières et les exemples du brave homme qui avaient aidé sa fille à gagner le repos de l’éternel séjour.

Avant de se retirer du cimetière, Jean m’invita à me rendre chez lui. J’acceptai. Enfin, j’avais l’occasion de causer avec ce garçon que je savais intelligent, mais dont l’avenir commençait à m’inquiéter, malgré les augures pompeux dont l’avait jadis auréolé le docteur Blondin.

Des petits enfants s’amusaient pieds nus à l’entrée du jardin. L’un d’eux faisait couler sur