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JEAN RHOBIN

Il n’est rien de tel que la musique pour provoquer de ces mouvements intérieurs qui se définissent mal et se manifestent par un frisson, un tressaillement, que tout mélomane éprouve, s’il est en même temps esclave de la plus folle passion humaine : l’amour.

Quand Marthe Duval de La Baie avait exécuté les pièces favorites de son ami, elle déposait son instrument sur le piano. Encore tout enivrée de la chaleur de son jeu, sa figure laissait voir une impression de fatigue, qui avait beaucoup d’emprise sur Jean.

Un soir, les paroles des deux amoureux avaient été plus intimes, Jean dit à Marthe :

— Je me perds en conjectures en songeant à votre père qui ne veut pas vous laisser partir pour la ville. Marthe, puisque je vous aime, je voudrais vous communiquer mes projets futurs. Votre père semble m’estimer et avoir confiance en moi ; vous le savez, il l’a déjà avoué devant vous.

— Que voulez-vous dire ?

— J’ai l’intention de partir pour les États-Unis. J’aimerais étudier la chimie, devenir un