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JEAN RHOBIN

Le paysan laissait, une fois de plus ses troupeaux paître une herbe devenue rare. C’étaient les dernières libertés de ces mornes animaux qu’on devait renfermer pour l’hiver. Ils grelottaient de tous leurs membres en frôlant les clôtures et les arbres. Leurs beuglements fendaient l’air de complaintes sourdes et leur rude appétit à brouter était presque disparu.

Une vaste mélancolie envahissait les prés, les bêtes, les arbres et toute la nature, précédant les âpres frimas de l’hiver.

***

Jean Rhobin était à cette époque un gros garçon jovial, plein d’intelligence et d’entrain. Ses cheveux blonds faisaient paraître ses joues plus colorées.

Cependant ce gros garçon aux traits prononcés avait l’air intelligent et il était entièrement dépourvu de fatuité. Toujours gai, folichon, il badinait, plaisantait sans bouffonnerie.

Beaucoup d’intrépidité naturelle le conduisait souvent à des excès de colère intempestifs. Entêté et fier, il cédait difficilement sous la menace des plus humiliantes corrections.