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JEAN RHOBIN

Martelant de ses grosses bottes les marches du balcon, il essayait de réveiller mon voisin, le docteur Blondin, par de longs et vibrants coups de sonnette. Enfin, une lumière pâle perça dans la fenêtre de gauche, à l’étage supérieur. Quelques instants après, la porte s’ouvrit.

Je continuai de marcher dans la grand’rue. Je m’acheminai vers le sommet de la côte. Le docteur et le fermier passèrent. Je les vis disparaître dans l’ombre.

Quelques gouttes de pluie commençaient à tomber sur les toitures métalliques des habitations, faisant résonner la tôle de sons intermittents.

La nuit s’en trouvait toute transformée, elle avait perdu son cachet de silence impénétrable. Elle vivait par petits coups brefs.

Un instant, fasciné, je fixai l’astre.

Pour ne pas éveiller mes vieux parents, je rentrai chez moi et je rejoignis mon lit sans faire le moindre bruit. D’humeur chagrine et maussade, je n’aurais pu endurer les remarques qu’ils n’auraient pas manqué de me faire sur cette soirée innocente et prolongée.