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PENSÉE DU PRINTEMPS.


Quels que soient nos malheurs, nos tourments, et surtout
Ces orages cachés, qui nous suivent partout,
Croyons qu’il est des lieux, un pays, un asile,
Où, loin des yeux jaloux, on peut se voir tranquille,
Se dévieillir du cœur sous un ciel embaumé,
Vivre d’aimer toujours, exister d’être aimé.
Et voyez seulement, quand la terre ravie,
Aux baisers des Gémeaux, recommence la vie :
Quand des trésors d’avril les sillons diaprés,
D’un ruisseau de bouquets brodent l’herbe des prés :
Voyez comme on s’élance au-devant de ces charmes !
La nature magique endort toutes nos larmes :
Et, rouvrant au soleil un œil qui le bénit,
L’infortune ressemble à l’hiver qui finit.
Comment souffrir encor, quand la terre est si belle,
Lorsque son vert sourire à nos yeux étincelle,
Comme un regard connu, qui se lève sur nous,
Et répond à notre âme, en devenant plus doux :