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BEATA SOLITUDO.


Frêle ami des humains que la foule effarouche,
Le bonheur, sous Vos dais, ne choisit point sa couche :
Il aime mieux des bois les murmurants arceaux.
On le trouve souvent, aux bords frais des ruisseaux,
Dormant dans la jonchée où dorment les sarcelles,
Ou jouant sur le sable avec les hirondelles.
Il lui faut des zéphyrs le bruit pour l’attirer,
Et des coupes de fleurs pour s’y désaltérer.
Oh ! puissé-je bientôt, loin d’un monde perfide.
Retrouver des forêts la verte Thébaïde,
Et, dérobant ma barque au fracas de nos mers,
Pour y mourir en paix jeter l’ancre aux déserts !
C’est là que l’on est libre : et libre, on est tranquille.
Des images qu’on aime on meuble son asile :
On s’y fait des amis d’un chêne ou d’un buisson :
On jase avec l’oiseau, dont on sait la chanson :
Des feuilles, que le vent fait plier sous ses ailes,
On apprend le langage, et l’on cause avec elles :