Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

SENTIMENTS DU MATIN.


Déjà le jour ! la nuit, avec ses noirs présages,
A recouché son vol au fond des marécages ;
D’un long rêve occupé, mon regard suppliant
N’avait pas vu s’ouvrir le seuil de l’Orient.
Le jour ! voilà le jour, qui, sur l’herbe grisâtre,
De ses pieds lumineux laisse courir l’albâtre ;
Et le vent, qui descend le flanc doré des monts,
Semble, avec les brouillardsoù se noyaient leurs fronts,
Chasser de mon cerveau cette brume de larmes.
Qui rouille la pensée, en viciant ses armes !
La nature est joyeuse, et le ciel est si pur,
Qu’un souffle d’infortune en tacherait l’azur.
La grive, des buissons becquetant la rosée,
Y fait luire l’éclat de sa plume bronzée ;
Les arbres, rayonnant d’un lustre matinal,
Balancent au soleil leurs filets de cristal,
Et mille essaims de fleurs, déployant leur parure,
D’arcs-en-ciel embaumés panachent la verdure.