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Et dis tout de travers : mais c’est tout ce qu’il faut ;
Le talent de narrer consiste à parler haut.
Voici donc, un beau jour, après mainte prière
De conter une histoire, à peu près tout entière,
Comment je retournai, dans des vers maladroits,
Celle de deux enfants égarés dans les bois.

RÉCIT.
Il était une fois deux bambins de votre âge,
Ma fille, aussi gentils qu’on l’est, quand on est sage,
Ce qui n’arrivait pas précisément toujours :
Ils désobéissaient, pour le moins, tous les jours.
Mais ils avaient bon cœur ; et l’hiver, quand la bise
Des arbres effeuillés battait la tête grise :
Quand la neige semblait, en couvrant les coteaux,
D’une prochaine mort menacer les oiseaux,
La mésange rayée et la blonde alouette :
Quand les chardonnerets, la frileuse fauvette,
Partout, sans le trouver, quêtaient un petit grain,
Ces enfants, dans le parc, jetaient devant leur faim
Du chènevis, du blé, du millet ou de l’orge.
Ils sauvèrent la vie à plus d’un rouge-gorge :
Et Dieu fut si content, que les oiseaux, un jour,
Vinrent exprès du ciel les sauver à leur tour.
Voici comment ! Alix et Camille, son frère,
N’étaient presque jamais dociles, au contraire ;