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Qui n’aurait pas rêvé tle plus durables nœuds,
Quand elle m’entourait de ses muets aveux,
Comme un jour, en tombant, l’or bouclé de ses tresses
Avait, à ses genoux, enlacé mes caresses ?
Qui pouvait pressentir que je la quitterais,
Quand souvent mon bonheur, réfléchi sur ses traits,
Pour me remercier leur prêtait sa lumière :
Et loin des yeux jaloux, quand la même chaumière,
Sous nos rideaux de fleurs, dérobait nos serments ?
Quand sa voix qui pleurait, fascinant mes tourments,
A mes soupçons craintifs opposait l’espérance,
Qui pouvait deviner qu’un excès de souffrance
Emporterait mes pas, loin des siens, pour tou jours ?
Que mes heures de joie ont duré peu de jours !
Ces heures, que mon âme avait thésaurisées,
Qu’étaient-elles, hélas ! des gouttes de rosées,
Que jette, à son passage, au bleuet du chemin,
Un ange, dont le vol ne viendra pas demain,
De la fleur trop tôt veuve humecter la corolle.
Elle attend peu d’ailleurs l’ange qui la console •
Un rayon de soleil dessèche son trésor ;
L’abeille, d’un coup d’aile, un papillon encor,
Fait tomber sa richesse : et la voilà flétrie.
De mes félicités, rêveuse allégorie,
Voilà toute l’histoire, hélas ! de mon bonheur.
Un souffle m’a ravi ma moisson de glaneur :
Et je l’avais prévu ! Souvent, dans mon ivresse,
Une ombre d’avenir traversait ma tendresse ;