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Le spectre du néant étouffe ses semailles ;
De son filet de gloire il arrache les mailles ;
Et l’Océan, qui traîne, à chacun de ses pas,
Tant de trésors fameux, que l’on n’aperçoit pas,
Fantôme illimité de ce néant qu’il nie,
Raille, en la poursuivant, sa rebelle agonie.

XXIV.
Comme il dut le sentir, cet altier souverain,
Dont au bout du couchant dort le berceau marin :
Cet aigle à face d’homme, élevé dans la Corse,
Qui, parti de son nid, humble encore et sans force,
Sentit pousser son ade en traversant les cieux,
Aux éclairs de la foudre accoutuma ses yeux,
Et, fascinant de loin ses pâles adversaires,
S’abattit sur la France, et la prit dans ses serres :
Qui la traîna quinze ans de combats en combats :
Qui, jetant devant lui tous les trônes à bas,
De leurs débris dorés se construisit son aire !
Comme il dut le sentir, quand, frappé du tonnerre,
Que ne retenaient plus ses ongles émoussés,
Il s’en fut, l’aile morte et les yeux affaissés,
Confier à la mer sa dernière couronne :
Quand changeant de tombeau, comme il changeai tde trône,
Il alla, d’une autre île effrayant détenu,
Dans une cage anglaise expirer seul et nu !