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Comme un aurait de p’us, affectant le mystère,
Vous vous croyez du ciel, en dédaignant la terre,
Et vous donnez l’amour et les larmes d’autrui,
Comme le prospectus de votre amour pour lui !…
Vous pouvez retrancher mon nom de votre liste.
De nos liens rompus le souvenir m’attriste :
Je regrette des temps, qui ne reviendront plus :
Mais l’amour n’est pour rien dans ces regrets confus ;
Vous n’avez point changé, c’est moi qui me retire :
Je m’éveille, à vos pieds, pour y briser ma lyre.
Si, vers le grec sonore et vers l’âpre germain,
J’appris à votre bouche un facile chemin :
Si j’ai, pour vous distraire, aplanissant l’étude,
Fourni de nouveaux mots à votre ingratitude,
Je ne m’en souviens plus, ou je veux l’oublier.
Quand noire amour commence à nous humilier,
C’est qu’il est déjà mort dans le fond de notre âme ;
La cendre de nos cœurs en étoulîe la flamme.
Je puis pleurer encor tout ce que j’ai rêvé,
Et ces jours d’un bonheur, que j’ai seul éprouvé :
Mais c’est là que se borne aujourd’hui ma constance.
J’entre, je suis entré dans une autre existence :
Je sens que je puis vivre autrement qu’à genoux ;
oyez belle sans moi : moi, je mourrai sans vous.