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Veuve, par le poignard, du même époux que Rome.
Leur gloire maintenant y dort du même somme ;
Mais qu’importe au penseur qui veut la rajeunir !
Tout contraste à ses yeux devient un souvenir,
Il se déroule en lui tout un monde d’idées,
A voir, sur le penchant de ces côtes brodées,
L’aubépine qui pousse où flottaient des drapeaux :
Et, du cygne effilé blancs et soyeux rivaux,
D’élégants lévriers, dont on cherche les ailes,
Raser, en aboyant, ces berges immortelles ;
Ces berges, dont l’écho, prédestiné des cieux,
De Brutus à Porcie entendit les adieux.
Inutile vengeur d’une ingrate patrie,
Toi, qui pleurais ici sa majesté flétrie,
Salut à toi, Brutus, triomphateur sans char,
Brutus, fils de Caton et non pas de César !
Ton nom renferme seul toute une république.
C’est en vain que ton père, aux murs sacrés d’Utique,
Devança de la croix l’intrépide clarté,
Et voulut, dans son sang, Christ de ! a liberté,
Du monde abâtardi retremper le civisme :
Toi seul fus racheté par ce saint fanatisme.
Le trépas de César, bienfait sans rejeton,
Ne fut pas plus compris que la mort de Caton :
Et les chiffons d’Antoine, égouttés sur la place,
Des rois que tu frappais firent germer la race.