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UNE LECTURE DE SCHILLER.

C’était à Lauterbrùnn, un soir : et l’ouragan,
Des pins de la montagne, agitait l’Océan.
Des fleuves de vapeurs, par l’aquilon poussées,
Sillonnaient des grands pics les pentes crevassées :
Et, comme des draps noirs décousus par le vent,
Aux croupes des rochers jetaient leur deuil mouvant.
Les aigles s’appelaient par des cris lamentables,
Et les bœufs effrayés pleuraient dans les étables.
On entendait de loin, à l’autan déchaîné,
Répondre du Staubach l’écho désordonné.
Les glaciers se fendaient, en craquant : le tonnerre,
Comme un char furieux qui briserait la terre,
De sommets en sommets bondissait, en hurlant :
Et, quand il les rasait de son essieu brûlant,
Semblait, démolissant leur pyramide blanche,
Faire, sous son passage, ébouler l’avalanche.