Page:Lefèvre-Deumier - Poésies, 1844.djvu/500

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES ROMANS

L’amour transforme tout, et rien ne lui résiste ;
Mais, qu’à le bien juger, chaque miracle est triste !
Tout change entre ses mains, ou plutôt se corrompt :
Il nous vole notre or pour en faire du plomb,
Et dans un corps de bronze il met un cœur de verre.
Moi, studieux amant d’une gloire sévère,
Laboureur si pieux des champs grecs ou romains,
L’amour m’a détourné de mes doctes chemins.
Et qu’a-t-il fait de moi, disciple de Sophocle,
Qui me rêvais encor le rival d’Empédocle ?
De mes trésors futurs enfant déshérité,
Me voilà désormais, dans ma course arrêté,
Occupé, tout le jour, à remuer des peines,
Dont le limon fiévreux s’épaissit dans mes veines :
Et, honteux de l’abîme où je m’enseveli,
De chagrins en chagrins descendant à l’oubli !

Pour distraire ma vie, ou pour m’aider à vivre,
Si j’ai parfois recours au remède d’un livre,