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A peine aurez-vous lui ces riants paysages,
Que vous rencontrerez des ruines sauvages,
D’imbéciles tombeaux, de lâches monuments,
Suant encor le crime en leurs derniers fragments,
Et des vertus de l’homme épitaphe navrante.
Pour aller à Capri, faut-il quitter Sorrente !

X.
Comme Jérusalem qui voit, près des lieux saints,
D’un sérail effronté ramper les murs malsains,
Sorrente, au sein des fleurs, que foule sa paresse,
Voit monter sur les eaux, dont l’azur la caresse,
Ces obscènes palais, ces viviers.crapuleux,
Où Tibère, jetant ses poissons fabuleux,
Fit de la volupté le dernier des supplices :
Cette ignoble Capri, réservoir d’immondices,
Où son âme putride, et lasse de désirs,
Croupissait dans sa pourpre au milieu des plaisirs.
Cette île maintenant, pour nos repas féconde,
Livre ses vins légers à la gaîté du monde ;
Mais le pampre joyeux, qui dore le coteau,
Sur l’ombre du César jette en vain sou manteau ;
Cette ombre y semble encor, par la terre vomie,
Élever sur l’abime un phare d’infamie.

XI.
De ces rochers pervers, que le meurtre tailla,
Mon regard dégoûté recule vers Baïa :